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Comment la Gen Z a relancé la passion des échecs depuis le Covid

  • Photo du rédacteur: Emilie V.
    Emilie V.
  • 30 oct.
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 nov.

Un jeune homme et une jeune femme qui jouent aux échecs à la plage

Avant 2020, les échecs avaient une image un peu classique, parfois trop sérieuse, qu’on associait surtout aux clubs et aux passionné(e)s de compétition, mais assez éloignée des centres d’intérêt quotidiens des plus jeunes.


Puis le Covid est arrivé. Du jour au lendemain, tout le monde s’est retrouvé coincé chez soi, en quête d’activités à la fois stimulantes et accessibles. C’est là que les échecs ont fait leur grand retour : un jeu simple à apprendre, mais stratégiquement très riche, et surtout parfaitement adapté au format en ligne. Des millions de nouvelles parties se sont jouées chaque jour sur Chess.com ou Lichess.


À l’automne 2020, la série The Queen’s Gambit sur Netflix est venue amplifier le phénomène. D’un coup, les échecs sont devenus visuels, stylés, “glamour”. Les plateformes comme Twitch et YouTube ont enfoncé le clou, avec des streamers qui ont transformé les échecs en véritable spectacle. Résultat : le jeu est redevenu tendance, et la Gen Z s’en est emparée avec enthousiasme, en faisant un symbole culturel à part entière.


Dans cet article, on va voir comment la Gen Z n’a pas seulement suivi le mouvement, mais a pris la tête de cette renaissance : en ligne d’abord, puis en personne, en transformant les échecs en une expérience sociale, culturelle, créative et inclusive comme jamais auparavant.



Le boom des échecs pendant le Covid


Le confinement et la montée du jeu en ligne

Printemps 2020. Du jour au lendemain, la moitié de la planète se retrouve confinée à la maison. Plus de sorties, plus de sports collectifs, plus d’activités culturelles…Beaucoup cherchent une occupation à la fois stimulante, sociale et accessible depuis leur canapé. Les échecs cochent toutes les cases : un jeu simple à apprendre, passionnant à explorer, et surtout praticable à distance grâce à des plateformes comme Chess.com et Lichess.

Résultat : une véritable explosion. Sur Chess.com, les inscriptions bondissent de plus de 200% entre janvier et juin 2020. Des communautés virtuelles hyper actives émergent, avec des millions de parties jouées chaque jour. Pour beaucoup, c’est leur première rencontre avec les échecs.


Sources : Chess.com, Wikipédia (Online Chess).


The Queen’s Gambit, un catalyseur inattendu

Comme si ça ne suffisait pas, l’automne 2020 apporte un coup d’accélérateur incroyable : la sortie de The Queen’s Gambit sur Netflix. La série devient un phénomène mondial, suivie par plus de 62 millions de foyers dans le monde dès son premier mois. Elle change l’image des échecs en les rendant visuels, élégants, pour ne pas dire “glamour”.

Résultat immédiat : les ventes d’échiquiers explosent, et les téléchargements d’apps d’échecs grimpent de plus de 60% au niveau mondial dans les semaines qui suivent. Ce qui était parti d’un confinement devient un véritable phénomène culturel.


Sources : Netflix (communiqué officiel 2020), The New York Times, Statista.


L'affiche Netflix de The Queen's Gambit

Twitch, YouTube et les streamers

Enfin, les plateformes de streaming ont transformé l’essai. Sur Twitch et YouTube, les échecs deviennent un spectacle à part entière. Des grands noms comme Hikaru Nakamura, les sœurs Botez, ou encore les tournois PogChamps attirent des millions de spectateurs. En France aussi, des figures comme Blitzstream (Kévin Bordi) ont contribué à rendre les échecs accessibles et attractifs pour un public jeune et connecté. Les parties sont analysées, commentées en direct, transformées en divertissement accessible même pour ceux qui ne connaissent pas bien les règles. 

Pour beaucoup de jeunes, notamment dans la Gen Z, c’est par là que la découverte s’est faite : non pas en poussant un pion sur un échiquier, mais en suivant un streamer charismatique qui rendait les échecs fun et captivants.


Sources : TwitchTracker, Chess.com News, Forbes.


Une capture d'écran d'un live de Blitstream, un streamer chess

En résumé, le confinement a lancé la tendance, The Queen’s Gambit l’a rendue glamour et visible, et les plateformes de streaming comme Twitch et YouTube l’ont transformée en divertissement de masse. En quelques mois, les échecs sont redevenus l’un des jeux les plus populaires au monde. Mais si ce renouveau a pris une telle ampleur, c’est aussi parce qu’une génération en particulier s’est retrouvée au cœur de ce mouvement : la Gen Z.



La Gen Z au cœur du renouveau des échecs


Une génération hyper connectée, première spectatrice du boom

La Gen Z a grandi avec Internet, les réseaux sociaux et les smartphones. Habituée à tester de nouvelles plateformes et à passer facilement d’un univers en ligne à un autre, elle était beaucoup plus réceptive que les générations précédentes aux solutions digitales proposées pendant le confinement. Quand les échecs en ligne ont explosé sur Chess.com ou Lichess, ce sont donc les jeunes qui ont été les premiers à s’y intéresser massivement. Leur familiarité avec le numérique les a placés aux premières loges du boom : ils ont adopté rapidement le jeu en ligne, là où d’autres générations restaient plus en retrait.


Une génération créative qui transforme le jeu en contenu viral

La Gen Z n’a pas seulement regardé ou joué. Elle a créé, remixé, détourné. Sur TikTok, Instagram ou Twitter/X, des milliers de memes, vidéos courtes et parodies ont transformé les échecs en une véritable tendance culturelle. Les positions improbables, les erreurs ou encore les réactions drôles des streamers sont devenues des contenus viraux partagés par des millions de personnes. Des créateurs ont aussi monté des blitz intenses sur des battles de rap (Drake vs Kendrick, Eminem vs MGK) ou comparé des coups spectaculaires à des scènes cultes de Game of Thrones ou de l’univers Marvel. Résultat : un jeu parfois perçu comme rigide s’est transformé en un contenu fun, visuel et viral, parfaitement adapté aux formats courts et au langage culturel de la Gen Z.



Zoom : quand les échecs deviennent viraux

  • “Oh no, my queen !” : Une phrase lancée par Eric Rosen, un maître international et streamer américain, est devenue un meme mondial, détourné des milliers de fois sur TikTok et YouTube.

  • Compilations rapides de blitz : des extraits spectaculaires ou drôles, montés avec des musiques virales, cumulent des millions de vues et popularisent le jeu auprès d’un public jeune.



Meme chess "Oh no my queen"

Une génération en quête de lien social en vrai

Comme mentionné plus haut, la Gen Z a grandi avec Internet et passe une grande partie de sa vie connectée : réseaux sociaux, plateformes de jeu, contenus en continu. Mais ce mode de vie hyper digitalisé a aussi créé un paradoxe : plus que jamais, les jeunes ressentent le besoin de vraies interactions en face à face.

C’est dans ce contexte que les échecs sont devenus un support idéal pour recréer du lien. Après avoir joué massivement en ligne, beaucoup ont cherché à prolonger cette expérience dans la vie réelle : soirées dans des cafés, parties improvisées dans des parcs, clubs redynamisés. La Gen Z n’a pas seulement suivi le mouvement : elle a souvent été initiatrice. Des groupes formés sur Discord ou Reddit se sont transformés en meetups locaux, et des communautés ont commencé à se retrouver autour d’un échiquier en public.

En d’autres termes, au-delà du Covid, les échecs sont devenus pour cette génération un moyen privilégié de transformer une passion digitale en expériences sociales concrètes et vivantes.



Si les échecs ont connu un tel renouveau depuis 2020, c’est en grande partie grâce à la Gen Z. Hyper connectée, elle a été la première exposée au boom numérique des échecs. Créative, elle a transformé le jeu en un phénomène culturel viral. Et surtout, en quête d’expériences sociales réelles malgré une vie très digitalisée, elle a joué un rôle actif dans le passage du virtuel au présentiel. Autrement dit, la Gen Z n’a pas seulement suivi la vague : elle a été le moteur qui a propulsé les échecs dans une nouvelle ère, à la fois digitale et sociale.



Pourquoi les échecs séduisent particulièrement les jeunes


Un jeu à la fois compétitif et inclusif

Les échecs, c’est le parfait équilibre entre compétition et accessibilité. On peut s’y mettre en quelques minutes en apprenant les règles de base, mais la profondeur stratégique est quasiment infinie. Chacun(e) peut y trouver son compte : le ou la débutant(e) curieux(se), comme celui ou celle qui rêve d’atteindre un haut niveau.

Et surtout, les échecs n’ont pas de barrières physiques, sociales ou culturelles : pas besoin d’équipement coûteux, on peut jouer partout, et peu importe l’âge, le genre ou l’origine. Cette ouverture totale correspond parfaitement aux valeurs d’inclusivité et de diversité qui comptent beaucoup pour la Gen Z. Les échecs offrent donc un terrain de jeu universel, à la fois stimulant et accueillant, où chacun(e) peut trouver sa place.


Un antidote à l’isolement du Covid

Le Covid a été un tournant brutal pour la Gen Z. Beaucoup vivaient des années décisives (adolescence, études supérieures, premiers emplois) quand soudain tout s’est arrêté : cours en ligne, événements annulés, vie sociale suspendue. Une étude a montré que 61 % des 18–25 ans déclaraient un fort sentiment de solitude durant la pandémie.

Dans ce contexte, les échecs se sont imposés comme une solution accessible et stimulante. Pendant le confinement, le jeu en ligne a offert un moyen de garder une activité partagée, malgré la distance. Mais c’est surtout le retour au présentiel (dans les clubs, les parcs ou les cafés) qui a permis à cette génération de combler un vide social immense.

Beaucoup ont découvert que pousser des pièces sur un échiquier, ce n’était pas juste jouer, c’était rencontrer, échanger, briser la solitude. Pour la Gen Z, les échecs sont devenus bien plus qu’un jeu : un antidote concret à l’isolement vécu pendant cette période critique.



Une culture en phase avec les codes de la Gen Z

Minimalisme, esthétique soignée, logique du “brainy cool” : les échecs incarnent tout un univers visuel et intellectuel qui séduit particulièrement la Gen Z. 

Leur esthétique graphique (un échiquier noir et blanc, des pièces iconiques) colle parfaitement aux tendances visuelles partagées sur Instagram ou Pinterest. Mais le phénomène ne s’arrête pas au digital : les échecs ont aussi fait leur entrée dans la mode et la pop culture. La campagne Louis Vuitton de 2022 a marqué les esprits en mettant en scène Lionel Messi et Cristiano Ronaldo jouant aux échecs sur une malle iconique de la maison, une image immédiatement devenue virale. Dans Black Is King (film musical de Beyoncé sorti sur Disney+ en 2020), une spectaculaire partie d’échecs vivants met en scène des danseurs incarnant les pièces, dans une chorégraphie théâtrale et stylisée. Ce type de références résonne particulièrement auprès de la Gen Z, habituée à voir ses centres d’intérêt reflétés dans la mode, la musique et les grandes campagnes culturelles. Les échecs, autrefois associés à une image austère, deviennent ainsi un symbole esthétique universel : à la fois élégant, graphique et porteur de sens.

Mais les échecs, ce n’est pas qu’un symbole élégant : c’est aussi un jeu que la Gen Z s’est réapproprié avec humour et autodérision. Sur Twitter/X, on retrouve des posts viraux du type : “La politique internationale expliquée en 2 images” avec une position d’échecs pour représenter les stratégies de gouvernements, ou encore des blagues sur les relations amoureuses avec le mème classique “il/elle joue aux échecs quand toi tu joues aux dames”. Ces détournements montrent bien comment le jeu est devenu une métaphore universelle pour commenter l’actu, la société ou la vie quotidienne.

Les échecs sont donc devenus un code générationnel partagé : ils peuvent être pris au sérieux pour affirmer une identité “intello cool”, mais aussi servir de ressort comique dans les conversations en ligne. Ce double visage (élégant et cérébral d’un côté, décontracté et drôle de l’autre) explique pourquoi le jeu a trouvé une telle résonance auprès des moins de 30 ans.


Campagne Louis Vuitton mettant en scène Messi et Ronaldo jouant aux échecs

En fait, si les échecs séduisent autant la Gen Z, c’est parce qu’ils cochent toutes les cases : un jeu à la fois compétitif et inclusif, un antidote à l’isolement vécu pendant la pandémie, et une esthétique culturelle en phase avec les codes des plus jeunes, à la fois “brainy cool” et fun, sérieux et décalé. Les échecs ne sont donc plus seulement un jeu de stratégie : ils sont devenus un marqueur culturel pour toute une génération, un espace où se mêlent réflexion, créativité et identité partagée.



FAQ


Pourquoi les échecs sont-ils redevenus populaires depuis le Covid ?

Les échecs ont connu un énorme boom pendant la pandémie. Le confinement a poussé des millions de personnes à chercher des activités en ligne à la fois intellectuelles et sociales, et les plateformes comme Chess.com et Lichess ont explosé. L’arrivée de la série The Queen’s Gambit sur Netflix à l’automne 2020 a amplifié le phénomène en rendant le jeu visuel et attractif. Enfin, Twitch, YouTube et les streamers ont transformé les échecs en un vrai divertissement. Résultat : les échecs sont redevenus l’un des jeux les plus populaires dans le monde après le Covid.


Quel rôle la Gen Z a-t-elle joué dans le boom des échecs après le Covid ?

La Gen Z a été au cœur du renouveau des échecs. Hyper connectée, elle a été la première génération exposée au boom en ligne via Chess.com, Twitch et YouTube. Créative, elle a utilisé TikTok et Instagram pour transformer les échecs en culture virale avec memes et vidéos courtes. Enfin, paradoxalement, avide de recréer du lien social après le confinement, elle a aussi porté les échecs dans la vraie vie, que ce soit dans les clubs, les parcs ou les cafés. C’est cette combinaison unique qui a fait de la Gen Z le moteur du retour des échecs.


Les échecs vont-ils rester populaires auprès des jeunes générations ?

Tout indique que oui. Les échecs correspondent aux valeurs des jeunes générations : inclusivité, accessibilité, diversité. Le jeu est à la fois compétitif et fun, et il s’adapte aux formats digitaux comme aux rencontres en face à face. La Gen Z a déjà transformé les échecs en un phénomène culturel mondial, et les nouvelles générations poursuivent cette dynamique. Plus qu’un simple effet de mode, les échecs semblent désormais installés comme une pratique durable, à la croisée du jeu, du divertissement et du lien social.



Conclusion


Depuis 2020 et le Covid, les échecs ont vécu une véritable renaissance. L’explosion des plateformes en ligne, The Queen’s Gambit et le succès des streamers chess ont attiré une nouvelle génération de joueurs et de joueuses. 


Mais la Gen Z n’a pas seulement suivi le mouvement : elle l’a amplifié, transformé et installé dans la durée. Connectée dès le départ au boom numérique, elle a su transformer les échecs en une culture virale avec memes, vidéos et références partagées, puis prolonger cette dynamique dans la vraie vie, en clubs, dans les parcs ou dans les bars.


Si ce succès est si durable, c’est aussi parce que les échecs collent parfaitement aux sensibilités de cette génération : inclusifs, accessibles, intellectuellement stimulants mais aussi drôles et détournés avec créativité. Un mélange rare entre sérieux et fun, réflexion et autodérision.


Aujourd’hui, grâce à cette énergie, les échecs dépassent largement le simple cadre du jeu : ils sont devenus un symbole culturel et social global, porté par des millions de jeunes à travers le monde.


Pour aller plus loin, retrouve notre article Le retour des échecs : plus qu’un jeu, un phénomène de société.














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